top of page

Grozny - 9 Villes d'Olga Kravets, Maria Morina et d’Oksana Yushko

Grozny - 9 Villes d'Olga Kravets, Maria Morina et d’Oksana Yushko

Jeudi 9 Octobre 2014

Clémence Bertot, Léo Cosne, Amélie Gavart Classe JDA


1-1-DSC03782.JPG

Trois femmes reporters exposent en ce moment leur travail intitulé « Grozny : Nine Cities » au Radar, et nous avons eu la chance de rencontrer l’une d’elle : Olga Kravets.

Rappel Grosny

Les trois photographes ont choisi de décliner l’histoire de la ville de Grozny en neuf chapitres. Le premier sujet est la religion, « redécouverte » après la guerre. Les Tchétchènes pratiquent l’islam alors que les Russes sont orthodoxes. Les musulmans sont partagés entre les salafistes, qui prônent une conception radicale de l’Islam, et les « modérés » plus pacifistes.

Le deuxième chapitre évoque « Grozny, ville en guerre ». La guerre entre les Russes et les Tchétchènes a commencé en 1994 et s’est officiellement terminée depuis 2009. Elle a entraîné la mort de 300 000 personnes, dans les deux camps.

La troisième partie montre « la ville des étrangers ». Seulement 5% de la population de cette ville est russe. Cette communauté est constituée en majeure partie de personnes âgées présentes avant la guerre, et qui n’ont pas été évacuées par les Russes ni tuées par les Tchétchènes. Ces populations ont miraculeusement survécu aux bombardements russes.

Le quatrième ensemble de photos présente « la ville des femmes ». Pendant la guerre, les hommes étant absents, les femmes devaient travailler pour deux, prendre les décisions pour deux et souffrir pour deux. A leur retour, les hommes sont assez désarçonnés par ces femmes devenues beaucoup plus indépendantes qu’ils ne le voudraient.

Un autre « chapitre » traite de « la ville des serviteurs ». Les Tchétchènes se sentent esclaves de la dictature imposée par le gouvernement.

Vient ensuite « la ville des hommes ». Maintenant que la guerre est finie, ceux qui se prenaient pour des combattants se sentent humiliés par leur défaite. Les hommes tchétchènes, éduqués pour ne pas avoir peur, sont maintenant terrorisés dès qu’ils entendent frapper plus fort que d’habitude à leur porte.

Puis, « la ville des gens ordinaires ». Malgré toutes les horreurs qu’ils ont subies, les Tchétchènes veulent maintenant vivre en paix. Ils veulent maintenant se reconstruire.

En huitième, « la ville qui n’existe plus ». Grozny a été déclarée en 2003 par les Nations-Unies « la ville la plus dévastée de la planète ». En 1994, elle pouvait être comparée à Stalingrad ou Dresde. Le centre de Grozny a été reconstruit avec l’aide de fonds russes, et maintenant l’avenue principale s’appelle l’avenue Poutine. Les survivants qui avaient connu l’ancienne Grozny ont été abasourdis : ils ont été incapables de reconnaître leur ville. Cependant, les quartiers péricentres et périphériques ne sont que peu ou pas rénovés et Grozny ne renaît que lentement de ses cendres.

Enfin, dans « la ville du pétrole », est évoqué le passé de la Tchétchénie. Le pays était riche de cette ressource mais la surconsommation de pétrole durant la guerre a asséché tous les puits, privant l’Etat de sa principale source de revenu.

Ces neuf facettes de Grozny que nous montrent les trois photographes nous permettent de mieux comprendre la complexité de la ville.

Les trois reporters photographes sont des femmes : Olga Kravets, Maria Morina, Oskana Yushko. Elles travaillent sur le projet en Russie depuis 2009, ce qui leur a donné l’opportunité de faire des rencontres. Ainsi, Olga a rencontré un homme qui était policier et avait découvert un secret sur un des proches du président russe. Mais, à cause de ce secret, il a été enlevé et torturé. Cet homme s’est ensuite échappé.

Ce reportage sur Grozny leur a aussi donné l’opportunité de se rendre compte par elles-mêmes de certaines réalités. Par exemple, dans cette société, les hommes enlèvent les femmes dans la rue. Ils les emmènent chez eux, les obligent ensuite à les épouser car sinon elles sont considérées comme impures et apporteraient la honte à toute leur famille


Site recommandé http://groznyninecities.com/.


f villes.JPG

+Loin

Article du Monde « Tchétchénie : l'ordre islamique s'installe à Grozny »du 02.12.2008 Mis à jour le 21.04.2013 Par Marie Jégo - GROZNY ENVOYÉE SPÉCIALE

L’article, publié en 2008 présente la ville de Grozny « normalisée » par le président Ramzan Kadyrov au pouvoir depuis 2007 à la tête de la Tchétchénie, petite république du Caucase détruite et défigurée par deux guerres entre 1994 et le 16 avril 2009,ou le régime d'opération dit antiterroriste en vigueur depuis 1999 a été levé*.

C’est dans ce contexte de « normalisation » que s’inscrit le travail remarquable et saisissant d’Olga Kravets, Maria Morina et d’Oksana Yushko qui, nous proposent un voyage inattendu dans Grozny reconstruite.

Retour en arrière-1996-Images de guerre.

Nous étions restés sur les photographies de James Nachtwey, Heidi Bradner Stanley Greene ou de Laurent Van der Stockt qui ont laissées l'empreinte d'une ville ravagée par la guerre et d'une population traumatisée.

Le paysage a changé, la ville s'est dotée d'un cœur flambant neuf à l’image de ceux des républiques d’Asie Centrale dirigées par des leaders mégalomaniaques et autoritaires. Sur les ruines du centre-ville s’élève dorénavant une immense mosquée, des parcs illuminés la nuit et un complexe d’immeubles d’affaires.

Marie Jégo du Monde, citait le slogan d’une affiche de Ramzan Kadyrov "Ensemble, nous bâtissons le futur", et précisait qu’elles recouvraient la ville : « ses portraits géants et ses citations sont partout »

Elle confirmait les changements déjà en 2008, « l'électricité, le gaz, l'eau courante » avaient été rétablis et de citer une mère de famille :"Ce que Ramzan a fait, aucun n'en a été capable avant lui" écrivait-elle.

Comme dans cette article repris et traduit en français par «Le Courrier de Russie » daté de 2011 qui bien que manquant de neutralité, Source: Moskovskiïe novosti confirmait cette impression de retour à l’ordre, à la paix, à la vie normale ou à la « normalité »voulu par Kadyrov

En fait Marie Jégo* cite une militante de Mémorial, un mouvement des droits de l'homme "Les gens sont fatigués » et « Ils ne veulent plus penser à tout ce qui s'est passé,

Le film et les photographies d’Olga Kravets, Maria Morina et d’Oksana Yushko présentés au Radar constituent la matière d’un Web Reportage qui ambitionne et y réussit à être à la fois : œuvre artistique, travail journalistique et ce n’est pas le moindre, exercice pédagogique. Ce beau travail mis en place par Anna Shpakova a reçu le trophée Web journalisme Prix Niikon

Médiapart-PolkaMagazine-Chewbahat StorytellingLab

Il présente en neuf villes et ce que constatait déjà Marie Jégo: « le projet de normalisation » de Ramzan Kadyrov qui « passe par une mise en valeur des traditions tchétchènes avec un fort retour à l'islam traditionnel » éloigné des pratiques de l’ère soviétique.


Une étude, Islam et le Caucase, de la revue Cemoti datée de 2006 proposait un décryptage.

http://cemoti.revues.org/1532#tocto1n1 Islam et le Caucase.

Le Soufisme s’est vu incapables de répondre aux injustices ou aux problèmes sociaux nés de l’effondrement de l’URSS dans cette région. Les mouvements plus radicaux étaient, eux, préparés à répondre aux problèmes,

« Un […] processus de réislamisation se [produisit …] par le haut, avec une tentative de mobilisation religieux dans le cadre d’un discours politico-identitaire nationaliste […] ;

« La dynamique du conflit tchétchène a considérablement influencé l’essor de l’islamisme radical » comme celui expérimenté par C. Bassaev.

La « paix » revenu, Ramzan Kadyrov imagine « le rappel des normes de conduite traditionnelles » et les femmes sont particulièrement touchées.

« A la télévision locale, une émission met en garde contre les tenues vulgaires et les mœurs déplacées » écrivait encore la journaliste du Monde.


Articles de Marie Jégo dans Le Monde http://www.lemonde.fr/journaliste/marie-jego/

L’article sur La Tchétchénie http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/02/tchetchenie-l-ordre-islamique-s-installe-a-grozny_1125824_3214.html

Article sur « l’Islam et le Caucase » Les cahiers d’Etude sur la Méditerranée Orientale et le Monde Turco-Iranien http://cemoti.revues.org/1532#tocto1n1

Grozny: Nine Cities Blog

Grozny: Nine Cities, a joint project by Olga Kravets, Maria Morina, and Oksana Yushko, exploring specific aspects of Grozny’s aftermath through considering them as “cities” hidden within Grozny.

Repaires

Deux vidéos

Le clan KADYROV 21 avril 2004 un reportage d'A2, de Régis Nusbaum et Loïc Le Moigne

Retour sur les conflits qui ont déchirés la Tchétchénie .septembre 2004 Témoignage d'une réfugiée tchétchène, l'interview d'Aude MERLIN, spécialiste du Caucase et des images d'archives. Images d'archive INA

Les textes décrivant les "Neuf villes "

1-zz.jpg
1-zzz.jpg
1-zzzz.jpg
1-zzzzz.jpg
1-zzzzzz.jpg
1-zzzzzzz.jpg
1-zzzzzzzz.jpg
1-zzzzzzzzz.jpg
1-zzzzzzzzzz.jpg

bottom of page